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27 septembre 2009

En campagne pour La Poste

Fabius en héraut du "non"
C’est son nouveau combat, celui qu’il aurait aimé mener à l’échelle nationale.


Laurent Fabius aurait tant voulu se battre dans toute la France contre la privatisation de La Poste. Appeler à voter « non » dans un référendum, il l’a déjà fait en 2005 contre le Traité constitutionnel européen, contre son parti aussi et parfois même contre ses amis.
Là, sur La Poste, "un des derniers services publics si appréciés par les gens dans les quartiers comme dans les zones rurales", Fabius aurait été suivi par les siens, les socialistes, bien sûr, mais aussi toute la gauche.
Le gouvernement en a décidé autrement : point de décrets d’application pour le référendum d’initiative populaire prévu par la révision constitutionnelle de juillet 2008, et point donc de référendum sur le changement de statut de La Poste.

A défaut de meetings nationaux, Fabius doit ainsi se contenter des tribunes qu’il se fabrique.
Le voilà, hier en fin d’après-midi, devant une table en plastique à l’entrée du Carrefour Market d’Elbeuf, au cœur de sa circonscription.
L’ancien Premier ministre veut que ses terres soient exemplaires de la bataille unitaire que la gauche mène pour cette cause.
La "votation citoyenne" culminera samedi prochain dans toute la France, mais en "Fabiusie", on fait déjà signer la pétition depuis plusieurs jours.
Et face à ceux qui viennent faire leurs courses avant le rush du week-end, Laurent Fabius se veut didactique.
A un SDF moustachu qui l’interroge, le député de Seine-Maritime répond, courtois : "C’est contre la privatisation de La Poste."
Et Fabius de tendre un stylo et la feuille sur laquelle son interlocuteur coche 'non' à la privatisation et aligne son identité et son lieu de résidence, Elbeuf"… avant de conclure : "Vous avez pas 50 centimes pour me dépanner ?"
L’ancien ministre des Finances s’isole et lui donne une pièce.

Plus de 80 signatures en une heure.

Les rencontres se suivent.
A ceux qui se demandent ce qu’il fait devant le supermarché en cette fin d’après-midi ensoleillé, Fabius déroule son argumentaire rodé : "Le gouvernement aurait dû organiser un vrai référendum sur cette question, mais comme il avait peur d’être battu, on doit le faire nous-mêmes" ; "Ils vont fermer des bureaux" ; "Pour nous tous, La Poste c’est l’intérêt général, c’est pas des marchands de soupe."
La formule fait tilt chez ceux qui ont leur compte à la Banque postale.
Ils signent.
En moins d’une heure, Fabius et ses amis ont récolté près de 80 paraphes, tous hostiles à la privatisation.
Exercice pratique pour le héraut de l’opposition frontale à Nicolas Sarkozy.
Et quand une ancienne employée de La Poste confie ses états d’âme à l’ancien Premier ministre – "A La Poste, ça a beaucoup changé, l’emploi se dégrade, les tournées s’allongent" –, Fabius lui lance : "Faut tenir ! Il y a toujours un moment où les gens en ont marre. Rien n’est écrit."
Fabius ou le plaisir de faire campagne, une dernière fois peut-être.

Extrait du Journal du dimanche

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