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05 septembre 2015

Réfugiés : "Notre devoir, c’est de trouver des réponses durables"


Extraits du discours de Manuel Valls en clôture de l'Université d'été du PS:

(...) L’Europe, à ses frontières, sur son sol, au milieu de la Méditerranée, est touchée de plein fouet par les conséquences de phénomènes massifs : effondrement des Etats comme en Lybie, guerre en Syrie, en Irak, crise humanitaire dans la corne de l’Afrique, désordres climatiques en Afrique sub-saharienne et plus largement aspirations au départ de ceux qui cherchent une vie meilleure.

Depuis des mois, il y a un drame humain, une hécatombe. Des migrants bravent tous les dangers, supportent la souffrance, rencontrent la mort. Encore 71 corps sans vie, retrouvés entassés, il y a deux jours, dans un camion en Autriche. 71 destins brisés.
Depuis le début de l’année, le nombre d’entrées irrégulières dans l’espace Schengen 
a atteint 340 000.

Beaucoup, proviennent des Balkans, pour aller en Allemagne. 
C'est trois fois plus que l’année dernière. Ce mouvement s’accélère. Et il va durer.
Alors, notre devoir, c’est de trouver des réponses durables, fondées sur des valeurs : 
humanité, responsabilité, fermeté.

Humanité parce que les migrants doivent être traités dignement. Abrités, soignés.

Responsabilité parce que nous sommes viscéralement attachés au droit d’asile. 
Ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis. Et donc, chaque demande d’asile doit être examinée. Rapidement.

Je veux vous citer une phrase qui m’a bouleversé : 
« Donnez-moi vos pauvres, vos exténués, qui, en rangs serrés, aspirent à vivre libres, le rebut de vos rivages surpeuplés, envoyez-moi ces déshérités rejetés par la tempête … de ma lumière, j'éclaire la porte d'or ».
Cette phrase est martelée sur le socle – oui, le socle – de la Statue de la liberté, cadeau 
de la France à la jeune démocratie américaine, phare du monde nouveau, lueur d’espoir pour des millions d’âmes. 
La France, par ce cadeau aux Etats-Unis d’Amérique, n’a pas seulement offert un extraordinaire ouvrage d’architecture. 
Elle a transmis une partie de son âme et de son message universel, prolongeant les liens noués par l’Hermione de LAFAYETTE, et que la nouvelle Hermione – j’étais à son bord hier – continue de tisser aujourd’hui.

C’est la fidélité à ce message, à cet héritage qui guide notre action aujourd’hui. 
Nous avons adopté la loi sur l’asile qui réduira les délais d’instruction. 
Dès le mois de juin, nous avons pris des mesures humanitaires fortes, décidé un plan d’urgence offrant 12 000 places d’hébergement supplémentaires par rapport à il y a trois ans. 

C’est une augmentation de 45 % pour instruire dignement les 60 à 70 000 demandes d’asile – le chiffre est stable – que notre pays reçoit chaque année. En Allemagne, on parle de 800 000 !

Enfin, fermeté. Il y a les migrants, éligibles au droit d’asile. 
Il y a aussi une immigration économique, irrégulière. 
Face à cela, il faut des règles strictes, la plus grande intransigeance pour lutter – et je pense à Calais, et la coopération franco-britannique – contre les passeurs, les trafiquants d’espoir qui se repaissent de la misère humaine.

Aucun pays européen ne parviendra à faire face seul ! Encore moins les pays de première entrée.
Comme l’ont dit, avec force, Sigmar GABRIEL et Frank-Walter STEINMEIER : 
l’Europe doit être à la hauteur.

La France assume ses responsabilités. L’Allemagne également. 
Le Président de la République et la Chancelière allemande portent une initiative 
commune, sur la base d’un document rédigé par les deux ministres de l’Intérieur, 
Bernard CAZENEUVE et Thomas DE MAIZIERE. 
D'abord, il faut converger vers un système unifié d’asile. Ensuite, il faut renforcer les politiques de retour. 
Aider, enfin, les pays limitrophes à faire face et réfléchir au déploiement de gardes-frontières européens. 
L’espace Schengen, ce n’est pas simplement l’abolition des frontières entre Etats-membres. C’est aussi le contrôle de nos frontières extérieures. 
L’oublier, c’est le mettre en péril. 
C’est pourquoi, il faut aussi des hot-spots – des centres d’accueil en Italie, Grèce, pour distinguer réfugiés, demandeurs d’asile et migrants irréguliers.

Mais aucune réponse durable ne sera trouvée sans une politique ambitieuse de 
développement,sans que nous nous tournions vers les pays du Sud qui ne doivent 
pas se vider de leurs talents, de leur jeunesse. 
Regarder au-delà de la Méditerranée, construire des liens nouveaux avec l’Afrique –
continent de demain – c’est un grand projet pour l’Europe et pour la France.

Nous prenons les choses en main. Et j’appelle la droite à faire preuve de cohérence. 
Un jour, elle rejoint Angela MERKEL et nous donne des leçons ! 
Un autre, elle est contre la Chancelière allemande, alors qu’en matière de migrations, 
celle-ci prend, avec la France, les bonnes décisions, et que le gouvernement allemand 
de coalition combat l’extrême droite. La droite française, elle, court derrière le FN !
L’opposition est incohérente. Nous devons incarner la responsabilité, la stabilité, la protection.
Etre cette force qui met notre pays en mouvement.(...)

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