Après les propos tenus par Jean-Marie Le Pen, sur la tuerie d'Oslo, on ne peut plus parler de dérapage mais de monstruosité.
Il est pourtant d'usage, lorsqu'un politique (ou une quelconque personnalité médiatique) émet une opinion qui sort de la norme, de la ranger dans la catégorie ‘dérapages’.
Il peut y avoir de vrais dérapages, propos malheureux qui, bien souvent, sont immédiatement déplorés par leurs auteurs.
Chez les hommes politiques, aussi expérimentés, chevronnés, aiguisés, soient-ils, tels Guéant, Hortefeux, Le Pen, Vanneste ou Raoult, il est impératif de ne plus parler de dérapage, car leurs déclarations dûment préparées sont volontairement choquantes, parfaitement maîtrisées et n’ont d’autre but que de provoquer et de faire le buzz.
C’est notamment le cas de la dernière sortie de JM Le Pen sur le drame norvégien : « Les conséquences meurtrières me paraissent quand même beaucoup plus liées à la naïveté de l’Etat norvégien qu’à la folie de ce dingo ».
Il ajoute sur le site du FN à propos de la Norvège : « un petit pays sympathique», qui «n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier, mais encore le terrorisme, qui est un phénomène mondial ».
Il assume totalement ses propos, il les a pesés, mesurés, à la virgule près.
Tout comme c'était le cas concernant le fameux "point de détail", ou quand il donnait dans le jeu de mots glauque à propos de Michel Durafour.
Outre l’ignominie que contiennent ses propos, notamment en salissant la mémoire des victimes et de leurs familles, ils s’inscrivent dans la démarche, malheureusement habituelle, de l’extrême droite qui vise à diaboliser les immigrés, à stigmatiser les musulmans et à exalter la pureté de la race et de la civilisation occidentale.
Par ailleurs nombre de militants et de dirigeants du FN se sont laissés aller à des débordements verbaux, tel Laurent Ozon, conseiller de Marine Le Pen et membre du bureau politique, qui a publié sur Twitter une série de messages visant à «expliquer le drame d'Oslo» par l'immigration, chiffres et faits-divers à l'appui.
Encore une fois, et c’est le but recherché, ces interventions haineuses et nauséabondes ont soulevé une vague d’indignation de la part des associations luttant contre le racisme et oeuvrant pour le vivre ensemble, mais aussi au Parti socialiste par la voix de Martine Aubry : « (…) Ce multirécidiviste du détail et de la haine révèle, s'il en était besoin, la gigantesque opération de manipulation baptisée "dédiabolisation" à laquelle se livre le FN depuis plusieurs mois.
A cette heure, aucune voix au sein de l'UMP n'a jugé utile de dénoncer de tels propos. Pour ma part, jamais je ne m'habituerai aux paroles injustifiables et aux propositions intolérables du Front national que j'ai toujours combattues, au plan local comme à l'échelon national… ».
Pour Benoît Hamon, porte parole du Parti Socialiste, en réaction aux attentats commis par Anders Behring Breivik : « Voilà où mène aussi l'idéologie du choc des civilisations, de l’incompatibilité des cultures, de l’impossibilité de construire des mondes au-delà de nos sociétés habituelles : à la haine, à la destruction, au terrorisme. Nous le voyons aujourd’hui de manière dramatique en Norvège. Ailleurs en Europe, en Hongrie, au Danemark, en Finlande, en Belgique ou en France, les thèses d’extrême-droite gagnent du terrain. Aucun parti d'extrême droite ne doit être banalisé ».
Malgré le désir de sa présidente de rendre le FN « respectable », il demeure un parti extrémiste, toujours aussi dangereux et infréquentable.
Texte rédigé par Frédéric Penalver
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