Rechercher dans ce blog

16 mai 2011

A la mémoire de François Mitterrand

A Elbeuf, les socialistes de l'agglomération se sont réunis pour célébrer la victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981.
En présence de Djoudé Merabet, Jean Marie Delafosse, Vincent Rabillard, Laurent Bonnaterre, Paul Racé, Nadia Mezrar et de trés nombreux socialistes, la cérémonie a été à la hauteur de l'événément célébré. 
Vous trouverez ci aprés l'intégralité du discours de Didier Marie.

« Etre fidèle à une tradition, c'est être fidèle à la flamme et non à la cendre » écrivait Jean Jaurès.
Nul ne sait si le 10 mai 1981 sera célébré demain sous cette forme, dans vingt ou dans trente ans ; mais ce dont je suis convaincu, c'est que lorsque l'histoire d'un homme rejoint le cœur et les aspirations d'un peuple, la flamme qu'il a allumée ne s'éteint jamais.
30 ans après, et à l’aube d’échéances décisives pour notre pays et pour les socialistes, le souvenir de ce soir orageux du 10 mai 81 donne des envies de victoire et du courage pour le combat qui s’annonce.
Souvenons-nous un instant, chacun à notre place, du frisson qui traversa notre pays le 10 mai 1981 à vingt heures.
Cet espoir vite transformé en explosion de joie, en liesse populaire, traversa le pays tout entier et au-delà ; il y avait bien ici ou là quelques visages défaits, mais l'immense majorité des Français a accueilli l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République comme une libération, un espoir, la réalisation d'une part de rêve.

En effet, pour la première fois depuis vingt-trois ans, les vieux épouvantails, les arguments usés, n'avaient plus eu prise sur un peuple qui après une si longue attente se sentait enfin libre.
Libre d'aller à la rencontre d'un homme, d'un projet, d'une gauche unie, libre de réaliser cette alchimie subtile qui conduit chacun, à partir de sa situation sociale ou économique, à déterminer son choix politique, à mettre un terme à ce qui était ressenti alors comme une frustration, celle d'être écarté du pouvoir depuis si longtemps, trop longtemps.
Et dans l'émotion, dans l'enthousiasme, grâce à une majorité confirmant le choix fait en la personne de François Mitterrand, grâce à une majorité parlementaire, très vite une succession de réformes essentielles, aujourd'hui patrimoine commun de tous les Français, furent mises en oeuvre, transformant cette part de rêve en réalité quotidienne : retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, 39 heures, droits nouveaux des travailleurs, décentralisation, égalité hommes-femmes, qui forment le socle de ce qui, depuis trente ans, fonde l'action de la gauche.
D'une certaine manière, nous avions l'ambition de changer la vie et modestement nous y avons contribué, mettant en harmonie les promesses électorales ambitieuses, les actes de notre vie politique et les effets bénéfiques que nous voulions pour le peuple tout entier.
Même si l'aggravation de la crise économique devait masquer et ternir cette oeuvre, cette grande oeuvre, ces forces de progrès ont réussi, et ce n'est pas le moindre de leur mérite, à montrer à partir de cette victoire du 10 mai 1981 qu'elles avaient la capacité de gouverner sur le long terme et qu'elles pouvaient le faire ensemble.
Ce qui habitait François Mitterrand, ce qui le hantait, c'était d'inscrire durablement la gauche au pouvoir, parce qu'il savait que seule la durée s'inscrit dans l'histoire et que l'éphémère passe et s'oublie.
A partir du 10 mai, la France est entrée dans l'alternance possible et pas forcément souhaitée.
Ceux qui gouvernent alors prouveront leur capacité à exercer les responsabilités qui leur sont confiées.
La gauche perdait ainsi, et c'est heureux, son image traditionnelle d’agitateur, de poil à gratter de la vie politique française, nécessaire sans doute, mais tolérée uniquement dans l’opposition par ceux qui, à droite, se pensaient les seuls légitimes pour présider aux destinées de la France.
Avec l’élection de François Mitterrand et l’arrivée de la gauche au pouvoir, c'est le fonctionnement même du système politique français qui a durablement changé.
Même si la réalité économique et sociale est parfois cruelle, n'oublions pas cette part essentielle du rêve devenu réalité, celle des conquêtes spectaculaires dans le domaine des libertés publiques, la suppression des tribunaux d'exception et l'abrogation de la loi sécurité liberté, mais aussi et on l'oublie trop souvent la suppression de la tutelle étatique sur l'audiovisuel.
Toutes ces lois ont élargi le champ des libertés fondamentales en France. Surtout l'abolition de la peine de mort dont nous sommes tous fiers, promise courageusement par François Mitterrand durant sa campagne contre une majorité de l'opinion, qui ramenait la France dans le groupe des nations civilisées.
Nous avons assisté ces dernières années à un spectaculaire retour en arrière, conduit par l’actuel titulaire de la fonction, Nicolas Sarkozy : montée des inégalités, musellement de la presse, mise au pas de la justice, xénophobie et racisme d’Etat tenant lieu de politique d’immigration...
Sans vouloir refaire les combats d’hier, il est troublant de constater à quel point la période actuelle appelle à un sursaut comparable à celui qui a saisi la France en 1981.

Laissons le soin à l'histoire et à ses auteurs de porter leur appréciation, au-delà du temps présent et des passions de l'instant, sur le bilan de ses deux septennats.
Je voudrais simplement ce soir retracer brièvement ce qu’a été l’apport de François Mitterrand à la gauche et au Parti socialiste.

Il fallut une volonté exceptionnelle pour engager et poursuivre, depuis 1963, la reconstruction d'une gauche d'alternance à partir des débris et des restes, des contradictions et des pesanteurs, mais cette volonté qui l'animait s'appuyait sur une intelligence politique exceptionnelle.
François Mitterrand disait qu'il faisait partie du paysage politique de la France, qu'il était né d'elle.
C'est sans doute de cette fusion intime avec la France que cette intelligence politique trouva ses sources.
Peu importe ses inspirations, Jaurès ou Blum ou une évocation de jeunesse plus traditionnelle, ce qui nous importe, c'est ce cheminement idéologique qui l'a conduit à cette osmose avec notre peuple.
Cette quête, François Mitterrand eut la lucidité et le courage de l'interrompre lorsqu'il s'opposa à ce qu'il considérait comme un véritable coup de force constitutionnel, renonçant alors aux ors de la République, aux palais nationaux et pour un temps fort long, il se rendit par là même disponible pour devenir le maître artisan de ce chef-d'oeuvre au long cours, l'union de la gauche.

Sûr de lui-même, persuadé de la justesse de son analyse pendant 18 ans avec la liberté qui le caractérisait, il ne cessa pas au fond d'interroger par ses prises de position les élus, les militants et les sympathisants des diverses fractions de la gauche pour les amener eux-mêmes à conclure que la voie de l'union était la seule possible.
François Mitterrand savait rendre intelligents ses interlocuteurs et les persuader qu'ils l'étaient vraiment.

Mesdames et Messieurs, chers amis, le 10 mai 1981 restera une date importante de l'histoire de France.
Pour nous, pour beaucoup d'entre nous qui en sommes les acteurs et pour les autres qui en seront les héritiers, n'oublions pas la leçon qui nous a été donnée et veillons à ce que l'héritage ne se dégrade pas.
La gauche a vocation à diriger pour conduire le progrès, mais elle ne peut le faire qu'unie, autour des socialistes qui en sont le socle.
Le long chemin vers mai 2012 est engagé, et les mois qui viennent seront animés et intenses.
Il nous revient de faire de ces échéances le point de départ d’une nouvelle ère pour notre pays.
Sachons nous montrer digne de l’héritage de François Mitterrand, pour offrir à ceux qui étaient trop jeunes pour l’avoir vécu un autre grand soir de mai de la gauche, et raviver dans la mémoire de tous les autres les souvenirs de ces moments de joie et d’espérance.
François Mitterrand, dans son discours d’investiture, nous montrait déjà la voie :
« Dans le monde d'aujourd'hui, quelle plus haute exigence pour notre pays que de réaliser la nouvelle alliance du socialisme et de la liberté, quelle plus belle ambition que de l'offrir au monde de demain ? »
Je vous invite à suivre ce chemin, et à rendre à François Mitterrand le meilleur des hommages : permettre l’élection d’un socialiste à la Présidence de la République en mai 2012 !







Aucun commentaire: