"La France a eu besoin de
la centralisation pour se faire. Elle a besoin de la décentralisation
pour ne pas se défaire." François Mitterrand, 1982.
Alors
que s’ouvre une année décisive pour notre pays, l’un des
nombreux chantiers engagés par le gouvernement de François Hollande
et Jean-Marc Ayrault concerne la réforme des collectivités à
travers un nouvel acte de la décentralisation. Lors de ses vœux la
Ministre de la Réforme de l’Etat et de la Décentralisation,
Marylise Lebranchu en donnait le sens : « Trente
ans après, la décentralisation est toujours aussi nécessaire car,
chacun le sent bien, c’est de la mobilisation commune de l’Etat
et des collectivités locales que viendra la solution à la crise
économique que traverse notre pays. Soutien des PME, formation des
jeunes, logement, enseignement supérieur, recherche, culture,
environnement, écologie : c’est ensemble, Etat et collectivités,
que nous serons à la hauteur des attentes des Français pour relever
ces défis. »
Les
grandes lois de décentralisation de 1982 et 1983 ont changé la
France. Elles ont libéré les collectivités de la tutelle de
l’Etat. Elles ont surtout permis d’inventer de nouvelles
politiques publiques, de mieux répondre aux besoins de la population
et de donner aux élus les responsabilités qu’ils attendaient
depuis des décennies. Mais le monde et la France ont changé.
Asphyxiées financièrement sous la Droite, les collectivités
doivent évoluer et continuer à créer de nouveaux outils au service
des citoyens et du développement de notre pays.
Au
moment où il faut redresser la France, où il faut chercher des
gisements pour l’investissement, pour la formation, pour
l’innovation, c’est sur les territoires que nous les trouverons.
Le
Gouvernement prépare en ce moment même un projet de loi. Sa
priorité est d’aller jusqu’au bout de la logique des blocs de
compétences sur certains sujets :
- Aux régions les compétences économiques et de formation professionnelle. Est reconnue aux Régions le rôle de stratège économique, qui leur permettra d’exister au niveau européen et mondial.
- Aux départements, une mission renforcée de garant de la solidarité entre les hommes et de la cohésion des territoires, dans tous les domaines, et pas seulement dans le domaine social. Collectivité phare en matière de solidarités et de proximité, le Département consolide ainsi son rôle central en terme d’aménagement du territoire
- Au bloc communal, la responsabilité de mettre en oeuvre la transition énergétique avec le logement, l’urbanisme et les mobilités.
- Le texte consacre aussi l’émergence d’une nouvelle réalité institutionnelle, les métropoles Les propositions contenues dans le projet de loi donneront les moyens à nos plus grandes aires urbaines de jouer un rôle moteur décuplé sur la scène nationale et internationale.
La
méthode : l’objectif prioritaire n’est pas de transférer
aux collectivités des compétences dont elles ne veulent pas ou
qu’elles ne peuvent pas assumer. Il est d’abord de clarifier les
compétences et simplifier les procédures avec un double objectif :
restaurer la confiance et garantir le service au citoyen.
Le
principal levier de ce projet de loi, ce n’est pas le transfert,
mais le contrat.
Le
texte prévoira que les collectivités locales, entre elles et avec
l’Etat, déterminent librement les modalités d’exercice de leurs
compétences :
- au niveau national, au sein du Haut Conseil des territoires, véritable instance de concertation et de négociation entre l’Etat et les collectivités.
- au niveau local via les conférences territoriales de l’action publique : les communes, les régions, les départements mais aussi les intercommunalités y seront représentées, en présence du représentant de l’Etat, pour déterminer l’organisation des compétences la plus appropriée à la réalité de nos territoires.
Il
s’agit de permettre aux collectivités et à l’Etat de discuter
tous les 5 ans compétence par compétence des modalités concrètes
d’exercice, dans le respect du principe de non tutelle d’une
collectivité sur l’autre.
Par
voie de conséquence, le texte prévoie aussi le rétablissement
de la clause générale de compétence pour les régions et les
départements.
Tout
cela ne peut bien sûr se faire sans repenser les moyens financiers
des collectivités et restaurer l’autonomie des ressources des
collectivités locales, mises à mal par des transferts de
compétences non compensés et une réforme de la TP et de la
fiscalité locale qui a privé les collectivités de toute autonomie
fiscale.
La
réforme doit comporter un volet sur la restauration de l’autonomie
fiscale des Régions, et la garantie de ressources pérennes et
suffisantes permettant aux Départements de faire face au financement
des trois allocations individuelles de solidarité (RSA, APA,
Prestation Compensatoire du Handicap) dont la loi leur confie la
charge. Ce chantier de la fiscalité locale sera ouvert dès cette
année pour une application en 2014.
Autre
enjeu de taille, la péréquation : il ne peut y avoir de
décentralisation sans une politique vigoureuse d’égalité des
territoires. Organiser des transferts de ressources des territoires
les plus riches vers les territoires les plus pauvres est une
nécessité si l’on veut éviter de voir sombrer une partie de nos
collectivités et les populations qui les habitent.
L’Etat
doit rester le garant de cette justice entre les citoyens, et c’est
à lui que doit revenir la lourde charge de faire en sorte que la
liberté des territoires et la diversité des politiques ne se solde
pas par un creusement des inégalités.
L’année
2013 sera décisive pour les collectivités. Dotées de nouveaux
moyens d’action, confortées dans leurs missions qui seront plus
lisibles pour les citoyens, elles joueront un rôle moteur dans la
reprise économique et dans la modernisation de l’action publique.
Il ne faut pas rater le rendez-vous de la réforme de la
décentralisation !
Vincent
Rabillard
Délégué
fédéral à la décentralisation
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