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15 octobre 2007

Touche pas à mon ADN


Hier, dimanche 14 octobre, a eu lieu un grand meeting concert contre les tests ADN au Zénith de Paris.

Isabelle Adjani, Josiane Balasko, Bénabar, Emmanuelle Béart, Carla Bruni, Stomy Bugsy, Phil Darwin, Fellag, Julie Gayet, Claude Leroy, Mélissa, Michel Piccoli, Renaud, Sanseverino, Soprano, Niels Tavernier, Les têtes raides, Tiken Jah Fakolly, Philippe Torreton, Youssoupha ont répondu présents.

Se sont joints à eux Clémentine Autain, François Bayrou, Laurent Fabius, René Frydman, François Goulard, Bernard-Henri Lévy, François Hollande, Axel Khan, Valérie Lang, François Léotard, Corinne Lepage, Aurélie Philipetti…

Vous trouverez ci après l'intervention de Laurent Fabius.

"Pourquoi le recours aux tests ADN pour contrôler l’immigration régulière est-il inacceptable ? Parce qu’il est au croisement de deux thèses elles-mêmes inacceptables.

La première, c’est la "génétisation" de la société. Par un usage perverti de la science, certains voudraient, contre la tradition philosophique et juridique de notre pays, faire dépendre le destin des individus de la génétique et les sélectionner sur cette base.

On dira : pourquoi cette émotion, c’est une affaire ponctuelle, sans passé ni lendemain. L’ennui, c’est que le précédent Ministre de l’Intérieur proposait, il y a peu, de dépister les comportements pré-délinquants chez les enfants à partir de 3 ans. L’ennui, c’est qu’un candidat à l’élection présidentielle affirmait dans un entretien avec un philosophe que la pédophilie et le suicide sont inscrits dans les gènes. Et voilà qu’on voudrait maintenant fonder le regroupement familial sur l’inné. Ce biologisme heurte le principe d’égalité. Il est aussi contradictoire avec les odes à la liberté que les partisans du test ADN entonnent volontiers.

La génétisation de la société se croise avec une seconde thèse, également inacceptable, la stigmatisation des immigrés. Quatre lois en quatre ans sur les immigrés ou plutôt contre eux. Les préfets sommés de "faire du chiffre", quitte à organiser la "chasse" aux enfants de sans papiers. Et voilà qu’on nous parle maintenant - c’est la prochaine initiative - de "quotas d’immigrés régionaux" avec débat chaque année au Parlement. La proposition d’un test ADN, c’est laisser entendre qu’un étranger serait par nature un risque et même potentiellement un délinquant. Il est temps de porter un coup d’arrêt. Sinon, l’immigration servira de plus en plus comme bouc émissaire de tous les problèmes et comme un filon pour multiplier les clins d’œil à l’extrême droite.

Un dernier point. Je ne pense pas que ce soit le seul Monsieur Mariani, auquel on doit cette offensive anti-égalité, anti-liberté, anti-immigré. Dans notre système institutionnel, il faut savoir que les textes de loi s’ils émanent du gouvernement subissent le contrôle du Conseil d’Etat alors que les amendements d’origine parlementaire, eux, en sont dispensés. Il est donc fort possible que les tests ADN ont été proposés par un député pour éviter que le Conseil d’Etat adresse un carton rouge. Ne considérons pas non plus que l’amendement que nous combattons cesserait d’être un scandale parce qu’il serait allégé d’une partie de sa substance puisque c’est précisément pour faire scandale et flatter une certaine opinion qu’il a été proposé et accepté. Ma conclusion est simple : l’amendement ADN doit être mis à la poubelle et, avec lui, les idées qu’il porte. C’est le sens de mon engagement et, je crois, aussi du vôtre".

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