Avec la phrase prononcée jeudi dernier lors de son interview sur Europe 1 « "Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale.", le ministre de l’intérieur a fait un pas de Guéant sur les terres xénophobes et nauséabondes de Marine Le Pen. Une association Sos Soutien Ô sans-papiers a d’ailleurs annoncé qu'elle allait porter plainte contre le ministre de l'Intérieur pour provocation à la haine.
Serait-ce la fonction qui veut ça ?
A peine élu place Beauvau, en remplacement du très démocrate Hortefeux, dont le procès en appel pour une condamnation pour injure raciale interviendra courant 2011, l’ancien secrétaire général de l’Elysée se prend les pieds dans le tapis de la phraséologie frontiste.
Boulette ou stratégie ?
Lancée quelques jours avant le premier tour des élections cantonales, dont l’issue redoutée (au château) pourrait prendre le visage d’une nouvelle défaite pour la majorité présidentielle, sa phrase n’avait elle pas pour objectif d’essayer de détourner la colère sociale pour la renverser en colère brune, et limiter ainsi la perte d’électeurs déçus de Nicolas Sarkozy ou de les orienter vers le vote FN plutôt que vers les candidats de gauche ?
Une stratégie voulue par le président qui fait objectivement le jeu du FN et risque de faire perdre des cantons à la droite au profit de duels gauche-FN ou de triangulaires impliquant l’extrême droite.
Un calcul politicien à long terme -2012- qui consiste à espérer qu’à force de banaliser les discours de haine dans le pays, il pourrait peut-être en partager les retombées électorales avec Marine Le Pen, sur le dos de la gauche.
C’est la même stratégie qui a mené au débat sur l’identité nationale organisé dans les Préfectures de la République avec le succès que l’on sait, et qui est encore à l’oeuvre dans le nouveau débat sur la laïcité et l’islam qui sème le trouble chez les Français et dans les rangs de l’UMP.
Cette stratégie hasardeuse risque au final de conduire l’électeur à préférer l’original à la copie.
C’est pourquoi, nous devons, nous, candidats, élus et militants PS, nous positionner clairement sur ces questions et ne pas entrer dans ce débat qui n’a d’autre but que la division et la stigmatisation.
Nous devons nous exprimer sans aucune ambigüité et faire des propositions sur ces sujets de société.
Nous devons, dans ce climat glauque et délétère imposé par la droite et l’extrême droite, réaffirmer notre engagement pour la démocratie et la laïcité et porter fièrement les valeurs humanistes de notre parti : la liberté, la fraternité et l’égalité.
Texte rédigé par Frédéric Penalver
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire