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18 février 2013

La démocratie tunisienne mise à mal


L’assassinat de Chokri Belaïd a mis au grand jour les fortes dissensions existantes non seulement dans le giron politique mais également dans la société tunisienne post révolution de jasmin. Jamais depuis l’adieu à Habib Bourguiba, la population n’était aussi nombreuse descendue dans la rue pour manifester à la fois sa colère devant ce crime abject et la défense des acquis remportées sur la dictature de Ben Ali. En assassinant Chokri Belaïd, les extrémistes religieux ont voulu faire taire l’homme de progrès, le leader laïc, et au-delà les valeurs de démocratie de tolérance. Comme l’a précisé dès le meurtre connu JC Cambadèlis au nom de Parti socialiste : il faut constater « que la sécurité en Tunisie ne s’améliore pas, regrettant les tensions persistantes entre les différentes forces politiques ». Ajouté aux dernières exactions des « barbus extrémistes » envers les démocrates et les femmes, aux atteintes au patrimoine national comme la destruction du mausolée de Sidi Bou Saïd, ce crime met très mal à l’aise le parti islamiste dominant au pouvoir, Ennahada, suspecté de manœuvrer en sous-main certaines milices terroristes.
Même en son sein, le parti religieux connaît des remous puisque le premier ministre, Hamadi Jebali, menaçant de démissionner, a été désavoué par son mouvement alors qu’il souhaitait mettre en place un gouvernement technique afin de sortir de la crise, crise autant politique que sociale et économique. Cette proposition était bien accueillie par l’opposition laïque et notamment par le parti Ettakol (Parti Démocratique pour le Travail et les Libertés), membre de l’Internationale socialiste, qui appelait le premier ministre non seulement à constituer rapidement un tel gouvernement mais aussi à reprendre d’urgence le dialogue social prôné par l’UGTT, le principal syndicat tunisien, concernant le contrat social entre l’Etat et les partenaires sociaux, devant consacrer enfin un environnement favorable à l’investissement et à l’emploi. Le Parti Ettakol regrettant par ailleurs les récents propos prononcés en Tunisie par JL Mélenchon, propos « sans nuance et discernement dans l’analyse de la politique tunisienne, souvent réduite à une bataille entre laïcs et islamistes ».
Plus que jamais les Tunisiens aspirent, dans leur très grande majorité, à un climat enfin serein, respectueux des personnes, propice aux avancées de la démocratie, à un redressement économique du pays, soucieux également d’un islam tolérant, à l’image de celui pratiqué en Tunisie depuis des siècles. Ainsi que le disait un responsable musulman dans les médias, « Une religion qui devient une idéologie s’éloigne des hommes, personne ne réussira à nous couper de nos traditions ».
A l’heure où s’écrivent ces lignes, la crise gouvernementale se poursuivait, Ennahda ne voulant pas quitter le pouvoir au profit d’un gouvernement de sortie de crise et le parti du Président de la République Marzouki, connaissant également la scission d’une partie de ses cadres.

Texte rédigé par André PIAZZA, délégué fédéral.

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